Depuis ses débuts, on a réalisé une 50aine d’interview sur La piscine (qui ne s’appelait pas ainsi à l’origine).
D’abord sous format podcast avec une team de 3 personnes pour préparer, faciliter et enregistrer les épisodes. À cette époque, nous faisions soit des enregistrements publics à la manière d’un webinaire, ou bien nous mettions en relation deux swimmers (enfin, deux invité·es) dont le parcours se recoupe que l’on enregistrait le jour J.
Puis, après quelques itérations, sous format newsletter only – ou bien lors de rencontres au bord du bassin plus informelles (enregistrées ou non). (Cette fois avec seulement Apolline 🐋 derrière le micro.)
Et, après avoir raté (et réussi of plouf) des enregistrements, j’ai remarqué plusieurs éléments qui make or break une interview.
En voici quelques uns.
Let’s gooooo ↓
on invite qui ?
Selon l’objectif du média, on ne va pas se tourner vers le même type de personne.
→ Par exemple, dans le podcast J’irai danser sur la Lune produit par l’Ambassade des États-Unis en France en 2021, l’objectif premier est la vulgarisation scientifique.
Donc, même si le récit est porté par Laura Felpin (humoriste et actrice française), les invité·es qu’elle reçoit à son micro sont avant tout convié·es pour leurs compétences et non leur degré de célébrité. (Il est vrai que Laura s’entretient aussi avec des stars du domaine comme Thomas Pesquet qui apparaît dans le premier épisode.)
→ De la même manière, sur La piscine l’emphase est mise sur les récits individuels avant tout. Dans ce cas, mes « critères » de sélection reposent donc d’abord sur : l’engagement ; les questionnements identitaires par lesquels la personne passe / est passée (et la manière dont cela a pu influencer son parcours) plutôt que la notoriété.
Je fais également attention à sélectionner des personnes alignées avec la mission de La piscine. (Ainsi qu’averties de l’univers de marque et du ton informel adopté.)
→ En revanche, des podcasts comme Les Grands Formats d’Hugo Décrypte reposent avant tout sur l’autorité, l’actualité – et la médiatisation – des personnes conviées. (Et souvent, en période de promotion.)
Par exemple : Kyan Khojandi lors de la sortie de Bref 2 ; Violette Dorange après son arrivée du Vendée Globe ; ou encore Billie Eillish.
Dans ce cas, le choix reposera avant tout sur des critères relatifs à l’information (est-ce un sujet « chaud » ? prioritaire ?) ; les besoins de l’invité·e (a-t-il/elle quelque chose à mettre en avant ? un livre / un album / une série ?) ; etc.
Ok. I need to come clean, c’est vrai que le média s’ouvre depuis quelques temps à des profils moins médiatisés. Dans ce cas, en revanche, les histoires racontées sont beaucoup plus « percutantes » afin de pouvoir faire cliquer le public.
👉🏾 C’est pour ça que prendre le temps de se pencher sur l’objectif premier du format (et de sa tonalité) permettra de se tourner vers des personnes qui pourraient bien « s’accorder » avec ta vibe.
Par exemple, j’imagine (très) mal Philippe Katerine en tenue de scène sur Hugo Décrypte – quoique, sait-on jamais…
👋🏾
Et puis, si tu as besoin d’aide pour poser tes piliers éditoriaux et/ou trouver ta voix, call me ! (Ou le studio de La piscine média, either way c’est moi (enfin, Apolline 🐋) derrière le clavier.)
Pour identifier si la personne pourrait correspondre ou non à ta ligne édito’, tu peux tout à fait organiser une première rencontre informelle histoire de voir. (C’est généralement ce que je fais avec La piscine. D’ailleurs, souvent la proposition d’interview vient après la rencontre et le partage mutuel d’histoires.)
Et, surtout, une fois que tu as sauté dans le grand bain de la création, tu peux demander à ton audience / ta communauté les sujets qui la font vibrer ! (Ou si elle souhaite venir prendre la parole à ton micro ?)
J’ai remarqué avec le temps que les formats étaient aussi liés à certains aspects.
👀
Je te partage ici mon échelle de « facilité » à passer le pas dans mon esprit :
Écrit > audio > vidéo
Comme les témoignages que je livre en Ploufletter touchent souvent à la sphère plus intime (la construction personnelle), les personnes sont généralement plus à l’aise pour se (re)lire dans un premier temps… que de s’écouter.
De même, la vidéo requiert aussi d’avoir une certaine aisance orale et impressionne peut-être plus que le podcast « classique » dans un premier temps.
tends l’oreille
L’objectif d’une interview, c’est de mettre en lumière la personne que l’on reçoit.
Lorsque j’enfile mon bonnet de bain (enfin, ma casquette) d’autrice de newsletter, je considère mon travail comme celui d’une facilitatrice d’histoires. Soit, de faire en sorte d’accompagner la transmission d’une part de son récit personnel. (Ainsi que son archivage via la retranscription proposée ensuite.)
Dans ce cas, il est fondamental de pouvoir écouter et poser de « bonnes questions ».
Un peu comme dans le coaching.
Côté Piscine, j’ai mis quelques règles en place pour m’aider que voici. (Bon, après je les adapte en fonction des invité·es. Après tout, l’adage dit bien « Rules are made to be broken ».)
☝🏾 J’évite de partager mon expérience pour faire écho à celle de l’invité·e.
(Sauf si cela est pertinent pour contextualiser une question en amont ou que la personne me demande explicitement de le faire.) Logique puisque l’histoire qui importe à ce moment T est celle de la personne en face.
Alors, j’essaye plutôt de poser des questions de clarification :
→ Afin d’avoir plus d’éléments de contexte ou de compréhension pour s’immerger dans l’histoire.
→ Pour comprendre le ressenti de la personne lors de l’expérience qu’elle nous partage.
→ Ou encore pour mieux appréhender la suite de son récit.
✌🏾 Lorsque je ne suis pas certaine d’avoir saisi quelque chose : je reformule ce que la personne a dit ou je lui demande des éclaircissements / explications sur le moment. (C’est le plus simple, et je pars du postulat que si je ne comprends pas, d’autres se poseront aussi la question à la lecture.)
De cette manière, nous avons tous·tes les deux les mêmes éléments.
🖖🏾 J’ai toujours un carnet de notes avec moi lors de l’enregistrement pour pouvoir : y griffonner des questions supplémentaires au fil de l’eau, des éléments qui m’interpellent au cours de l’échange, etc.
👌🏾 J’essaye (au max) de poser des questions ouvertes pour donner le plus de liberté possible à la personne en face pour répondre.
Exemple : « Comment tu te sentais quand on t’a dit [insérer parole rapportée] ? » (Ouvert)
VS. « Tu as dû te sentir x/y/z quand on t’a dit [insérer parole rapportée] ? » (Fermé)
🖐🏾 Enfin, je mets mon téléphone en mode ne pas déranger pour éviter toute interruption. (Ok, c’est mon mode par défaut mais tu vois ce que je veux dire.) Et, tu t’en doutes, je coupe également les notifications sur mon ordinateur. Je ferme aussi toutes les applications de discussion ou mes mails pour la même raison.
👋🏾 Un conseil supplémentaire que j’ai découvert au détour d’un podcast où j’étais moi-même invitée. (Attention, il fonctionne seulement si tu enregistres ton podcast à distance.) Couper les caméras.
Alors oui, c’est contre-intuitif.
Mais retirer la vidéo d’un appel permet de se concentrer exclusivement sur les propos échangés – plutôt que sur les détails ou distractions environnantes.
Merci encore à Louise de Diversity Secrets de m'avoir fait découvrir ce tip (que je n’ai pas du tout testé sur La piscine depuis 👀) !
PS – J’ajoute aussi un conseil (que je peine encore à m’appliquer à moi-même), c’est de ne pas hésiter à interrompre une réponse si tu sens qu’il y a besoin d’expliciter quelque chose, de revenir au sujet initial (si la digression est trop longue), pour cause de timing, etc.
Et, si tu n’est pas (encore) à l’aise avec cela, prends un carnet (on y revient) !
Perso, ça m’aide à garder en tête mes questions ; revenir en arrière tout en laissant la personne dérouler sa réponse.
J’ai longtemps couru derrière les silences, souhaitant à tout prix les combler. Je rebondissais à tout va – et manière plus ou moins pertinente 😬
Pourtant, de la même manière qu’une pause créative nous permet de décanter nos pensées, les silences sont souvent un terreau fertile.
Un peu comme une respiration.
Ou un temps de réflexion.
Le silence @Mali Desha – Unsplash
une interview commence avant d’appuyer sur enregistrer
Connais-tu la notion de sécurité psychologique ?
Long séance de natation short, ce concept a été théorisé en 1999 par la chercheuse américaine Amy Edmondson qui le définit comme le fait de : « pouvoir partager librement ses idées, ses préoccupations, ses interrogations et ses erreurs, sans craindre le jugement ou les représailles de la part de son entourage. »
Elle emploie également l’expression : « la capacité à prendre des risques interpersonnels », soit, à faire preuve de vulnérabilité – encore une fois, sans (trop de) crainte.
Comme Amy s’est surtout intéressé à la sécurité psychologique dans le cadre professionnel, on a tendance à oublier qu’il existe d’autres applications. Et, à mon sens, les interviews en font partie intégrante.
Peu importe notre degré d’assurance, partager un pan de son histoire ou de notre expertise demande un certain cadre. Où on se sente suffisamment à l’aise pour :
→ Se confier sans se sentir jugé·e ou ridiculisé·e.
→ Dévoiler certaines anecdotes – essentielles pour comprendre le contexte global.
→ Explorer de nouvelles pistes et/ou idées auxquelles nous n’avions pas encore pensé.
→ Soulever ses critiques ou proposer des pistes d’amélioration – si l’on parle d’un sujet technique.
(Pour t’aider, tu peux garder en tête la fameuse métaphore de Shrek : « Les ogres sont comme des oignons » qui vaut pour les humains. Plus on se sent en sécurité, plus on sera à même de retirer ses couches de protection … et se dévoiler !)
Et cet environnement, il se construit bien avant l’enregistrement.
Quelques tips en vrac pour ce faire :
☝🏾 Identifie le moment dans la journée où tu es le/la plus alerte – et planifie l’enregistrement sur cette plage horaire.
(Par exemple, les interviews de La piscine sont toutes planifiées en après-midi car c’est le moment où je suis la plus concentrée… Sans compter que ça me laisse le temps de finir mes recherches et répéter si besoin est.)
✌🏾 Reste à l’écoute.
I know, je me répète. Mais ce que je veux dire ici, c’est que : même si tu as prévu une trame d’entretien, des questions bien définies auparavant, peut-être que cela déviera un peu.
C’est tout à fait ok, et dans ce cas, c’est aussi à toi de trouver un équilibre entre les digressions et les éléments pré-établis.
🖖🏾 Enregistre tout – enfin, appuie sur enregistrer le plus tôt possible.
Ce conseil, il fonctionne surtout pour apaiser les personnes qui font une interview pour la première fois. Enregistrer même la partie introductive (ou de small talk) permet de se familiariser avec le micro. (Tout ce qu’il te restera à faire, c’est couper au montage 🤷🏾♀️ Une mini-manip pour un super avantage.)
De cette manière, la transition à l’enregistrement est plus douce – et moins impressionnante.
(D’ailleurs, je pense que le setup ultra simplifié de La piscine à ses débuts aidait beaucoup : j’avais seulement un petit zoom que je baladais avec moi. Une fois posé sur la table – et entouré de snacks –, il se faisait vite oublier !)
Sur La piscine, les personnes qui me livrent leur récit ne sont pas toujours familières de la prise de parole ou n’ont encore jamais évoqué leur construction identitaire en public.
Pour créer un cadre safe* lors de notre échange et m’assurer ensuite qu’elles sont à l’aise avec le récit rapporté, j’ai mis en place plusieurs éléments ↓
☝🏾 Un appel préliminaire ensemble afin de poser les premières briques de l’enregistrement. De cette manière, nous avons un premier squelette d’interview – ce qui permet de rassurer l’invité·e si c’est un exercice nouveau pour elle/lui. (Et de comprendre la vibe « posé au bord du bassin » que propose le média)
Cet appel est également l’occasion de délimiter les sujets touchy (soit, difficiles à aborder) ; voire ceux interdits.
C’est aussi l’occasion pour moi d’identifier les éléments à approfondir en amont de l’enregistrement. (Par exemple : des statistiques ou études relatives au domaine où la personne évolue ; des interviews précédentes pour mieux comprendre sa vision – s’il en existe déjà ; etc.)
✌🏾Le jour J, l’enregistrement est scindé en trois temps.
1/ Le pédiluve (enfin, l’intro) où on prend le temps de papoter un peu avant de rentrer doucement dans le vif du sujet. (J’inclus cette temporalité dans le temps de l’enregistrement.)
2/ L’interview en tant que telle.
Avant de commencer, je présente de nouveau l’interview, son objectif et son déroulé à la personne invitée.
Je lui rappelle également qu’elle a la main sur notre échange et peut à tout moment m’interrompre si quelque chose la gêne / qu’elle préfère éviter ce sujet / passer à autre chose / prendre une pause / etc.
3/ La clôture où je m’assure que la personne est ok, présente les prochaines étapes (avec ou sans temporalité selon ma charge de travail), et demande s’il y a des éléments qu’elle souhaite retirer à chaud.
(Sachant qu’elle aura également la possibilité de le faire plus tard.)
🖖🏾 La validation pré-publication.
Même si le sujet abordé est sensible, l’objectif de l’interview est toujours de faire en sorte que la personne soit à l’aise avec ce qu’elle dit.
De ce fait, je lui envoie le texte pré-publication avec la possibilité de retirer des éléments, d’ajouter (du contexte à certains endroits), d’anonymiser les propos, etc.
Ce jusqu’à avoir son go final.
Et voilà !
Voici trois exemples de Ploufletter dans lesquels te plonger si tu souhaites voir le résultat final de ce processus :
PS : j’aime aussi beaucoup situer mon propos – tant dans la Ploufletter que lors des interviews – car cela permet aussi à la personne en face de mieux comprendre mes réflexions, questions, histoire. En somme, c’est un échange.
PPS : ce processus a été construit au fil du temps et des erreurs (comme celle-ci).
Whale, c’est tout pour aujourd’hui !
J'espère que ça aura pu t’aider à te donner quelques pistes si tu veux te lancer.
PS – Je l’ai pas noté mais ça va de soi : c’est en nageant qu’on apprend. Donc, bah, tu trouveras ton style d’interview et tu progresseras en faisant. (Sorry, j’ai pas vraiment la recette magique. Si t’écoutes les premiers épisodes du Ploufcast… you'll see.)
Hello, ravie de t’accueillir par ici. Moi c’est Apolline 🐋.
J’ai créé La piscine média pour proposer :
→ Une newsletterpour aider les personnes minorisées à prendre leur place & sensibiliser les personnes allié·es à l’intersection entre impact et inclusion.
→ Un studio créatif pour aider les solos et les marques engagées à aligner leur communication à leurs valeurs. (Coaching édito | Brand Copywriting | Prise de parole)
→ Et un parcours introspectif « Explorer ses identités pour s’ancrer » à réaliser solo ou accompagnée pour se ré-approprier son parcours & sa voix.