ce qu’audre lorde m’a appris sur l’écriture

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Comment prendre la parole en ligne lorsqu’on est une femme ou personne multi-minorisée ? J’ai trouvé plusieurs réponses à cette question dans les livres de la poétesse et autrice américaine Audre Lorde. Je te partage quelques uns de mes apprentissages ici.

Juillet 2024.

D’habitude j’écris tous les jours. Sur des carnets ; des notes d’ordi ; mon notion ; et en vrac sur mon bureau – virtuel ou réel, quelle différence ? Pour te dire, ça fait longtemps que j’ai arrêté d’essayer de classifier mes pensées dans des tiroirs. Je les catégorise par post-it, couleur ou titres écrits à la va-vite dans l’en-tête.

Après tout, c’est mon métier.

Mais depuis quelques jours, rien.

→ J’ai l’impression de voir peu de personnes à mon image s’exprimer en ligne – cela en vaut-il la peine ?

→ Les sujets que j’ai envie d’évoquer restent coincés sur le bout de ma plume.

→ Lorsque j’arrive (laborieusement) à écrire une pièce, tout me semble fade.

→ Et surtout, plus rien ne sort, comme si la source s’était tarie…

Hormis pour mes client·es ou collaborations – c’est le deal.

Ho marde.

C’est la grosse lose.

Pour m’aider à sortir de l’impasse créative, je me lance dans la lecture de plusieurs autrices noires. Parmi elles, se trouve Audre Lorde. J’ai puisé dans ses écrits quelques apprentissages qui m’ont aidé à replonger et surfer la vague.

En voici 3 ↓

1. entoure toi de personnes au vécu similaire. ensemble, tout est possible.

You know what they say : « Nous sommes la somme des 5 personnes que l’on côtoie le plus ».

Il en va de même pour la créativité → Notre écosystème forge notre voix et notre légitimité. C’est pour cela qu’avant d’oser faire porter sa voix sur ses sujets, Audre Lorde est partie en quête de role models à son image. Elle raconte que lire des voix en résonance avec la sienne lui ont donné « le droit » de faire porter ses écrits.

Elle a aussi participé à beaucoup de groupes de pairs pour se rassurer, grandir et apprendre ensemble.

« For Black women, learning to consciously extend ourselves to each other and to call upon each other’s strengths is a life-saving strategy. » A burst of light

🏊🏾‍♀️ Comment t’en emparer ?

→ Tu peux faire une curation de citations d’auteur·rices que tu apprécies ou dont tu te sens appartenir à l’héritage culturel – à garder sous la main pour t’encourager.

→ Sur les réseaux : tu peux interagir (un max) avec des personnes dont le profil et les propos correspondent aux messages que tu souhaites porter. De cette manière les algos te proposeront plus de contenu en accord avec tes valeurs… Et t’aideront à booster ta légitimité.

(+ Perso j’ai aussi mute les personnes dont les propos sont à rebours de ce que je défend. Trop les voir me faisait douter et alimentait ma peur de prendre la parole.)

2. prendre la parole, c’est un acte de vulnérabilité

« Of course I am afraid, because the transformation of silence into language and action is an act of self-revelation, and that always seems fraught with danger. » Sister Outsider

3. prendre la parole – quand on a peur –, c’est une compétence qui s’apprend

« We can learn to work and speak when we are afraid in the same way we have learned to work and speak when we are tired. » Sister Outsider

Lorsqu’on pense à l’écriture comme compétence, on note tout de suite :

→ Le style

→ La grammaire

→ La richesse du vocabulaire

→ Les figures de styles employées

→ Le type d’écriture maîtrisée – romanesque, poétique, etc.

Bref, des éléments purement techniques.

Pour Audre Lorde, apprendre à écrire, c’est aussi naviguer ses émotions. Et, de la même manière que l’on s’entraîne à sortir de notre zone de connu pour (se) tester sur de nouveaux sujets ou types d’écriture, elle nous enjoint à maîtriser la capacité d’écrire « sous peur ».

4. vocal·e ou non, tu es visible

« I think, we fear the visibility without which we cannot truly live. » Sister Outsider

Plus jeune, mon rêve était de rentrer dans la norme. J’évitais de (trop) faire de vagues pour qu’on oublie ma différence et qu’on me traite comme les autres.

Au lycée :

→ Je portais donc des ballerines comme tout le monde – l’horreur ;

→ Je lissais mes cheveux comme tout le monde – j’ai vite arrêté ;

→ Et je portais des talons – toujours la même rengaine gosh.

(Même moi j’ai du mal à croire à ce combo aujourd’hui.)

Malgré tous ces efforts, on m’a quand même demandé : « Tu viens d’où ? » ; « Tes parents sont en mission diplomatique ? » (alors que… je suis française.) ; etc.

Conclusion : entrer dans le moule n’a rien changé.

Plus tard, ce schéma s’est répété au travail…

Et c’est pareil au niveau macro / social.

Se rendre invisible ne protège pas de la violence symbolique, des discriminations ou des (micro-)agressions. C’est justement sur ce point qu’Audre Lorde insiste :

« I remind myself all the time now that if I were to have been born mute, or had maintained an oath of silence my whole life long for safety, I would still have suffered, and I would still die. »

Alors, si l’on a rien à perdre, autant se lancer.

🏊🏾‍♀️ Comment t’en emparer ?

Back to le point 3. : donne toi le temps d’apprendre à nager.

Ça deviendra plus simple avec le temps.

👋🏾

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